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Chez moi c’est partout

19 juillet 2015

Quand est-ce que tu rentres à la maison ?

C’est une question qu’on me pose souvent. Par “maison”, entendez “Belgique”, le pays où je suis né il y a presque 32 ans et dans lequel j’ai vécu la plus grande partie de ma vie. J’ai appris à ne plus réagir négativement à cette question. Ceux qui me la posent sont en général des gens qui m’aiment et qui souhaiteraient me voir plus souvent. En quelque sorte, cette question est donc un compliment. Leur problème n’est pas que je vive dans un pays autre que celui qui est indiqué sur la face avant de mon passeport, mais plutôt que je vive loin d’eux.

Cette question m’amène toujours à me demander si ce concept de mère patrie a encore du sens. Je suis Belge car je suis né en Belgique d’une mère Belge. Je suis également Italien via mon père. Si j’étais né au même endroit il y a 400 ans, je serais Espagnol. Si j’étais né au même endroit il y a 300 ans, je serais Autrichien. Si j’étais né au même endroit il y a 200 ans, je serais Français. Il n’est pas très risqué d’affirmer que je ne serais certainement pas Belge si je naissais au même endroit dans 100 ans. Le fait d’être Belge, Italien, Espagnol, Autrichien ou Français, ce n’est pas vraiment quelque chose que j’ai pu choisir. Il s’agit juste d’une conséquence de décisions prises par des chefs de guerre et des politiciens à un moment plus ou moins lointain dans le passé.

Earth flag Le drapeau de la terre, le seul drapeau auquel j’arrive un peu à m’identifier.

Je refuse de laisser des décisions politiques du passé avoir une influence trop importante sur mon futur et la vie que je veux mener. En Belgique, on m’a toujours dit que pour réussir, il faut pouvoir parler le néerlandais. Je suis tout à fait d’accord, mais c’est uniquement vrai si on a une vision belge de sa vie. A l’école, j’ai toujours préféré l’anglais au néerlandais, non pas parce que la langue est plus belle (c’est subjectif), mais probablement parce qu’inconsciemment, je savais que ça m’ouvrirait plus de portes. J’apprendrai peut-être le néerlandais un jour, si je suis amené à vivre dans un pays néerlandophone. Par contre, si je garde une vision globale de ma vie, apprendre l’espagnol, le chinois, l’hindi, le russe ou encore l’arabe me semblent des options plus prioritaires.

Nous ne naissons pas tous égaux face à la vie. Certains naissent dans des familles riches et d’autres naissent dans des conditions de pauvreté extrêmes. On ne peut malheureusement pas faire grand chose à cela, à part espérer qu’on trouve une solution pour garantir une meilleure répartition des richesses. De même, avec une vision nationale des choses, on est désavantagé quand on nait dans un petit pays, car les perspectives sont plus réduites. Vivre dans un petit pays, ça devrait surtout permettre de s’échapper plus facilement. En Belgique, si on ne fait pas attention et qu’on loupe une sortie d’autoroute, on peut facilement se retrouver dans un autre pays sans s’en rendre compte.

Ma fille est née à San Francisco il y a un peu plus d’un an maintenant. Elle est donc considérée comme Californienne et Américaine car la règle du droit du sol est pratiquée aux États-Unis. Toutefois, de sang, elle est 50% Espagnole, 25% Belge et 25% Italienne. Légalement, elle a droit aux quatre passeports. Elle est ce qu’on pourrait appeler une citoyenne du monde. Mais n’est-ce finalement pas le cas de chacun d’entre nous ?

Depuis peu, tout s’est éclairci pour moi. Je suis né sur terre et je me considère comme un terrien. Je ne devrais pas avoir besoin d’un visa pour vivre sur un différent territoire de ma planète et je devrais pouvoir aller n’importe où en fonction de mes envies et des opportunités qui se présentent dans ma vie. Chez moi c’est partout. Et évidemment, ce qui vaut pour moi vaut pour tous. Essayons de détruire ces frontières que nous plaçons dans nos têtes et qui n’ont plus vraiment lieu d’être. Chez nous c’est partout.